Par souci de ses échecs successifs en Amérique latine, et en particulier au Venezuela, il fallait à l'empire US une victoire rapide, et le coup d'État contre Morales semblait ainsi être la victoire la plus facile que pouvaient remporter les Américains. C'est un coup d'État contre les "peaux rouges", écrit American Herald Tribune.
American Herald Tribune, site indépendant en ligne, a publié mercredi 13 novembre un commentaire intitulé "La suppression de Morales, un coup d’État contre les autochtones boliviens". Son auteur, Paul Antonopoulos, y voit le contrecoup des échecs cumulés des néolibéraux en Amérique latine :
« Cette année a été une année difficile pour les rétrogrades et les néolibéraux en Amérique latine. Ils n'ont pas réussi à chasser le président vénézuélien, Nicolas Maduro, par le fantoche américain Juan Guaidó, ni à mettre en œuvre les revendications du Fonds monétaire international (FMI) contre l’Équateur, à maintenir la popularité du milliardaire chilien, le président Sebastián Piñera, après avoir tenté d'augmenter le prix des déplacements en métro – des tentatives qui se sont transformées en un mouvement anti-néolibéral plus vaste. »
La réélection d'Evo Morales en Bolivie, la victoire d'Alberto Fernández en Argentine face à son rival électoral, le président sortant néo-libéral Mauricio Macri, et la libération de l’ex-président brésilien Lula Da Silva, la semaine dernière, témoignent pas seulement d'un échec mais d'un effondrement des néolibéraux en Amérique Latine.
Mais il y a plus. Morales dérangeait par son bilan :
« En tant que premier président autochtone bolivien, Morales a réussi à réduire l'analphabétisme de 13% en 2006 à 2,4% en 2018, la pauvreté de 60,6% en 2006 à 36,6% en 2018 et le chômage de 9,2% à 4,1%. De tels acquis tiennent au fait que la Bolivie est restée indépendante de la Banque mondiale et du FMI et que les industries sont restées nationalisées par l’ancien président bolivien. »
« Suite aux échecs consécutifs de l'empire US en Amérique latine, et en particulier au Venezuela, il fallait une victoire rapide, et le coup d'État contre Morales semblait être la victoire la plus facile que pouvaient remporter les Américains », commente Antonopoulos.
Mais où se place la grave erreur de Morales?
Dans son analyse des récents événements qui se sont produits très rapidement en Bolivie, l’auteur fait référence aux efforts de l’ex-président vénézuélien, Hugo Chavez, de construire une armée bolivarienne – qui se range toujours derrière le président de la République du pays, ce qu’a ignoré le président démissionnaire de la Bolivie :
« Hugo Chavez, l'ancien président vénézuélien, a transformé les forces armées du pays en une base pour la pensée bolivarienne profondément anti-impérialiste. Toutes ses hiérarchies sont devenues anti-américaines et patriotiques. Ainsi, malgré les demandes de Washington et de Guido, peu de forces armées vénézuéliennes ont participé au coup d’État pour évincer Maduro. Mais comme Morales n'a pas radicalisé les forces armées boliviennes, son gouvernement risquait toujours d'être renversé par des forces antipatriotiques qui étaient prêtes à servir l'Empire américain. »
Qui est la présidente par intérim de la Bolivie ?
La deuxième vice-présidente du Sénat, Jeanine Añez, s'est proclamée présidente par intérim du pays. Sa mission? Ramener la Bolivie en arrière! Elle vient du département de la région peu peuplée de Beni, fief de l'opposition anti-socialiste. L’une des principales activités économiques du département est l’élevage de bétail, exploité par de riches élites blanches ou métisses. Elle critique souvent le socialisme et a exprimé sa crainte qu'un jour la Bolivie ne devienne comme le Venezuela, le Nicaragua, "ou pire, Cuba". Son neveu a été arrêté en 2017 pour avoir tenté de faire passer 480 kg de cocaïne au Brésil.
Depuis la démission du président anti-américain de Bolivie, le peuple et notamment les Indigènes partisans du président déchu sont descendus dans les rues pour protester contre la nomination de la sénatrice Añez à la présidence par intérim de la Bolivie. Après l’ingérence des forces de sécurité, les protestations populaires ont dégénéré en violence. L'Amérique est prête à déclencher une guerre civile et irriguer sa plante néolibérale avec du sang indigène.
Et l'auteur de conclure : « Mais il y a sans aucun doute un élément racial dans le renversement d’Evo Morales. L'éviction de Morales et la décision d’Añez de s’autoproclamer présidente par intérim de la Bolivie ne veulent que de remettre en cause les acquis de Morales et ramener la Bolivie à une politique d'exploitation néolibérale qui rend plus pauvre la population et plus prospère les compagnies américaines et les élites locales. »